Abdul & the Gang : " Y'a Walou" (45T / 7")
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Abdul & the Gang : " Y'a Walou" (45T / 7")

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Le crissement de pneus au coin de la rue avait de quoi attirer l’attention des passants. Et pour ceux qui avaient raté cette entrée en scène, l’autoradio poussé à un volume uniquement disponible en salle de concert allait leur rappeler que c’était de ce côté de la rue qu’il fallait regarder.

Leur funk cuivré de trafiquants, eux seuls en connaissaient les dosages précis, les quantités d’épices d’Orient à injecter, le mesure de rythmes gnawa, la teneur en percussions, l’équilibre entre le pur hédonisme et le message qui passe pendant que le public danse.

Dans cette ville comme dans tant d’autres, on les connaissait et les affiches annonçant leur passage habillaient encore les murs. Leur premier album Chibani étaient encore la bande-son de bien des casques et des soirées.

La Chevrolet Camaro bondée de plus de passagers qu’elle ne pouvait et ne devait en contenir remontait les avenues, le pare-brise orné du découpage de l’essuie glace qui a cherché à se frayer un chemin dans la couche de sable. Celle ramenée du Maghreb, au prix de milliers kilomètres à fendre les étendues arides de l’interminable paysage beige et ocre. Une couche de sable chargée de toute la tradition des rythmes beldi, quartz et micas encore vibrant de la tradition d’Errachidia. Comme sorti des 70’s le son sonnait cette fois plus traditionnel. Les synthétiseurs dansaient en sarouel sur le beat, jouant de leur quart de ton comme d’une arme redoutable sortie par surprise de derrière la ceinture au moment où tout le monde se tenait les mains en l’air.

Tassés à sept dans ce véhicule lancé à toute blinde, le Gnawa Funk s’échappait si fort de l’habitacle qu’on aurait juré le voir se matérialiser. Happés par ces transes qui avaient infiltré le groove, les piétons se lançaient dans le défi sportif de leur vie quand les automobilistes tentaient le tête à queue de la dernière chance pour ne pas perdre le lien avec les notes.

Dans cette traine brune, seule la plaque rivée au bas de la carrosserie apparaissait distinctement. Eclairant l’opacité du nuage sableux d’un lumineux  Abdul & The Gang.

 

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The screeching of tires around the corner attracted the attention of passers-by. And for those who had missed this entry on stage, the radio pushed to a volume only available in concert halls would remind them that this is the side of the street to look at.

Their brassy funk of traffickers, only they knew the precise dosages, the quantities of oriental spices to inject, the measure of gnawa rhythms, the percussion content, the balance between pure hedonism and the message that passes while the audience is dancing. In this city, as in so many others, we knew them and the posters announcing their passage still adorned the walls. Their first album Chibani was still the soundtrack of many headsets and parties.

The Chevrolet Camaro, crowded with more passengers than it could and should contain, rolled up the avenues, the windshield adorned with the cutout of the wiper that sought its way through the layer of sand. The one brought back from the Maghreb, at the cost of thousands of kilometers cutting through the arid expanses of the endless beige and ocher landscape. A layer of sand charged with all the tradition of beldi, quartz and micas rhythms still vibrant with the tradition of Errachidia. As out of the 70's the sound sounded more traditional this time. The synthesizers danced in harem pants to the beat, playing their quarter-tones like a fearsome weapon that sneaked out from behind the belts as everyone stood with their hands in the air.

Squeezed in the seven-handed vehicle, the Gnawa Funk slipped out of the cockpit so hard it looked like it would come to fruition. Caught up in these trances which had infiltrated the groove, the pedestrians embarked on the sporting challenge of their lives when the motorists attempted the last chance spin to not lose the link with the notes. In this brown train, only the plate riveted to the bottom of the bodywork appeared distinctly. Illuminating the opacity of the sandy cloud with a luminous Abdul & The Gang.